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Mucky Fingers
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16 juin 2005

Marilyn Manson: Paris Bercy 2005

Mardi 14 juin 2005, concert de Marilyn Manson à Bercy. J'arrive avec ma meilleure amie vers 18h devant le sanctuaire tapissé de gazon. Il fait chaud, sale temps pour aller à un show de l'Antéchrist. On fait le tour du POPB, une horde de gothiques fait le pied de grue devant l'entrée de la fosse. Le soleil est plombant. On se pose à l'ombre sur un trottoir, face à l'entrée des artistes. Au bout d'un quart d'heure un gros van à vitres teintées fait irruption. Il se range tout au fond du parking derrière la grille, à l'abris des deux ou trois fans qui gueulent "Pogo!" (nom du claviériste). Un mec croit avoir vu Manson. Perso, je crois qu'il a rêvé. On bouge, direction bar pour boire. Une brasserie diffuse le DVD Guns God & Government World Tour. Avec le son poussé à un volume intéressant. Après la halte alcool,  le temple du rock nous attend enfin. Devant l'entrée, quelques chrétiens noirs prêchent la bonne parole, invitant les "amis gothiques" à fuire le symbole de la luxure et du stupre incarné par Brian Warner. Tout le monde se demande si ce ne sont pas des fans qui jouent une bonne comédie pour illustrer le folklore habituel à l'entrée des concerts de Manson aux USA. Possible que non. Une fois dans l'arêne, ma best friend me tend ses pastilles d'absinthe histoire de se mettre dans l'ambiance. En première partie, Queen Adreena livre un bon set, même si le public siffle ou fait des doigts. La chanteuse sexy déjantée à la voix intense arrive tout de même à séduire une partie de la foule. Vers la fin cependant, tout le monde semble somnoler. Pas grave, Manson va réveiller tout ce petit monde... Arrivée hypnotique surprenante du Révérend balançant un lustre à bout de bras dans l'obscurité. Cette vision spectrale laisse bientôt place à un tableau plus coloré mais tout aussi fantasmagorique, des spots rouge sang éclairent la scène pour un Love Song surpuissant. Manson apparaît dans un étrange costume lui créant un abdomen et un torse légèrement disproportionnés. Ce soir, il est également vêtu d' une jupe noire et de plateform- boots. Il ressemble à un bouffon trash, ou à une Reine de Coeur junkie. Son maquillage évoque les cyborgs torturés de Blade Runner avec une large bande noire au niveaux des yeux. Sa coupe de cheveux mi-rasée n'a pas changé depuis le clip de Personal Jesus et la campagne de mode pour Vivienne Westwood. De manière surprenante, l'artiste a choisi pour cette tournée promo du best of de revenir à un spectacle basique, pas d'artifices en tout genre, ni de strip teaseuses recevant la fessée. Le concept reste simple: cinq musiciens qui balancent un raffut d'enfer sur une scène. L'unique décor se résume à un écran géant projetant des images. Première constatation: le son est énorme, rond, compact, dantesque. Un véritable plaisir pour les oreilles, d'autant plus que le chanteur est bien en voix. Tim Skold, le bassiste remplaçant de Twiggy Ramirez, assure un jeu d'une précision chirurgicale malgré une nonchalance obligatoire. Je regrette l'absence de John5, même si le nouveau guitariste a l'air d'assurer. Le son des instruments semble décuplé. La setlist révise tous les disques de Marilyn Manson, toutes ses périodes artistiques, toutes ses transformations. Des clowneries inspirées par Roald Dahl jusqu'à l'âge du burlesque en passant par le glam et le gothique indus. On croirait une tournée d'adieu, agrémentée des principaux gros tubes, notamment des fabuleuses reprises Sweet Dreams, Tainted Love et Personal Jesus. Musicalement, la prestation est très réussie, la troupe du Manson circus étant parfaitement rodée, comme une machinerie bien huilée. Mais lorsque l'on va à un concert de Marilyn Manson, on s'attend à du choquant, à de l'obscène, à du crade, et de ce coté là, la déception est au rendez-vous. Notre Révérend devient un type pépère sur scène, bien moins énergique et énervé que sur ses légendaires tournées passées. A un moment, il fait mine de baisser son froc, mais bien calculé, personne ne voit rien. Pas de discours politico-religieux, ni de speech endiablé sur les drogues. Bientôt marié, notre Antéchrist se serait-il finalement résigné à rentrer dans le rang? L'avenir nous le dira. Pour le moment, l'amuseur public numéro 1 ose encore nous sortir des portraits géants d'Hitler et de Staline pendant Antichrist Superstar, fièrement adulé en dictateur-automate, volontairement grotesque. Le concert prend des airs de meeting fasciste, nous rappelant que Manson peut dévier vers le mauvais goût. Il n'est pas certain que le jeune public capte le message au second degré. Moment fort jouissif malgré tout. Marilyn Manson a le mérite d'avoir créé un genre unique, aucun spectacle ne ressemble au sien. Il reste maintenant à attendre sa nouvelle métamorphose, et son prochain passage parisien que l'on espère beaucoup plus subversif.

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