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Mucky Fingers
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5 juin 2006

Placebo Besançon 2006: Romantisme, Décadence & Sobriété

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Mercredi 31 mai 2006. Besançon, une petite ville composée de maisons de pierre grise. Un ciel nuageux, des arbres gigantesques, une citadelle qui surplombe un paysage vallonné. Et lorsque l’on sait que Victor Hugo hante encore les ruelles sombres, on devine le potentiel romantique des lieux. Placebo a donc choisi de faire escale dans la capitale du Doubs. Un concert qui draîne une bonne légion de fans de tout l’est de la France. En arrivant devant la salle Micropolis vers 18h, l’entrée est déjà noire de monde. Ce soir c’est sold out, et on attend plus de 4500 personnes. Il faut dire qu’un tel événement se fait rare dans les parages. Car Placebo vend du billet, c’est indéniable. Et plus seulement aux jeunes fans de rock, gothiques et autres esthètes en marge. Non, tout le monde veut voir Brian Molko et ses acolytes, de l’ado fidèle auditeur d’NRJ qui fait une sortie cool avec ses amis cools, au quadragénère à crâne dégarni venu pour écouter de la guitare électrique (et accessoirement pour accompagner ses rejetons blasés). Une longue queue commence à s’étendre jusqu’au parking de Micropolis . L’ouverture des portes débute à 19h30 seulement. Etrangement, on n’assiste à aucune bousculade. Rien à voir avec une entrée compression-maximale-et-destruction-de-barrières d’un Bercy. La première partie commence vers 20h30. Pravda entre en scène. Ce groupe rock parisien à tendance punk électro est composé d’un guitariste, d’un mec à gauche de la scène qui n’est là que pour lancer la boîte à rythme programmée qui fait office de batterie. Et puis surtout il y a la chanteuse brune coupe à frange et tenue sexy. Les chansons s’enchaînent, en anglais et en français. Les paroles lorsqu’on les comprend prêtent à sourire "tu es mental, je suis métal …". Heureusement, en cours de set Suzanne (apparemment c’est son prénom) retire son haut et laisse la foule admirer son soutien-gorge, qui n’est en fait qu’une fine bande adhésive noire qui ne soutient d’ailleurs pas grand chose. Elle ira quelques fois jouer de son synthé posé sur une planche à repasser… 21h30, l’intro synthétique d’"Infra-Red" résonne dans Micropolis. Le trio britannique devenu quatuor arrive sur scène. Le joli single new wave prend de l’envergure en live. Mais dès la deuxième chanson "Meds", c’est l’embarquement immédiat. L’intensité de la chanson se trouve décuplée par la puissance du son, le jeu des lumières et le chant débridé d’un Brian au sommet. Dès ce moment précis, on est enclin à penser que Placebo est de retour. Le Placebo des débuts, noir, écorché. Le Placebo qui ne caresse pas le public dans le sens du poil. Loin de là. Ce soir, l’impasse est faite sur une bonne partie des standards du groupe. On dirait une setlist spécialement aménagée pour les fans. Aucune demi-mesure ne sera tolérée : carrément, le combo nous livre dix titres de son nouvel album, quasiment enchaînés les uns après les autres. Au milieu de ça, sans prévenir, le groupe balance un "Come Home" hâché menu, dévastateur. Tout cela semble trop beau pour être vrai. Brian enclin à la plaisanterie chambre Stefan alors que ce dernier retire sa veste et laisse apparaître sur son poitrail le même ruban adhésif que la chanteuse de Pravda. "Suzanne tu t’es trompée de groupe… ". Le chanteur salue son public comme à son habitude : "Bonsoir mesdames et messieurs de Besançon". A part que ça sonne "Baise-en-son" lorsqu’il prononce le nom de la ville. Alors que tout le monde croyait que Brian s’enfilait une pinte de bière sur scène il nous rassure : "il ne s’agit que de thé avec du gingembre", et pire encore : en se grillant une clope, le chanteur fait mine de s’excuser "c’est le dernier vice qu’il me reste… ". Forcément, le rire vire au jaune. Sauf si l’on prend ces affirmations au deuxième degré. On lui accordera bien volontiers le bénéfice du doute. Surtout à la vue d’un final tout en décadence sur "Nancy Boy" : Suzanne revient sur scène pour quelques déhanchés sexy – et finit sur Brian par terre – tandis que Stefan aura joué les quatre minutes de la chanson sur le dos, plaqué au sol, avant de grimper sur Steve - enfin, sur sa batterie. Du bon finish rock’n’roll comme on en voit très rarement. Entre temps, quelques nouveaux titres prennent le temps de convaincre une assistance qui ne connait pas forcément le dernier album. En particulier, l'abyssal "Post Blue" sur lequel Brian effectue quelques magnifiques sauts de cabri. Déception en revanche lorsque détonne le gothique "Space Monkey". Ses couplets, noyés dans les effets de distorsion, ne créent pas la nuance nécessaire à l'arrivée du refrain qui rate largement son décollage. La seule véritable ombre au tableau, car la globalité du set est assurée avec une justesse inouïe, du classique "Bitter End" à l'apothéose émotionnelle de "Twenty Years". Au rayon des surprises, on a droit à "Running Up That Hill" la splendide reprise de Kate Bush jouée en rappel, et à "36 Degrees" version light, passée au ralenti. A la sortie, la boutique de merchandising est prise d'assaut. Les gens repartent heureux de leur soirée - le sourire aux lèvres, et le T.Shirt Placebo sur les épaules.

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Commentaires
L
donc ça vaut le coup d'aller à besançon. très chouette note comme d'habitude msieur!
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