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Mucky Fingers
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24 octobre 2005

Oasis: Road To Rouen

noelrouen1

Le Zénith de Rouen ressemble à un vaisseau spacial rond planté en pleine cambrousse à coté d'un Macdo. C'est un peu Rencontre du Troisième type, voire même la Quatrième Dimension. A l'entrée, un pauvre pékin tente de vendre des tickets au black. La bonne blague, c'est même pas sold out ce soir. Je pénètre dans la soucoupe volante en forme d'escargot, l'endroit est moderne et clean. Tout cela ne donne pas l'impression d'être là pour un concert d'Oasis. La salle en elle-même paraît plus petite que celle du Zénith de Paris, pourtant elle compte 7000 places de capacité maxi. The Coral entament le show avec leur pop psychédélique sortie d'un Far West hanté. Sept liverpuldiens sur scène, dont un mec pour jouer du tamtam et des maracas. Le public ne semble pas très réceptif. Les lumières se rallument, une marais humaine part investir la buvette. Jason, le fidèle technicien guitare, s'affaire sur scène avec ce qui me semble être la Gibson Les Paul que Noel a mise en vente récemment sur eBay. Les lumières s'éteignent enfin, retentit le décompte "This is not a Drill", puis "Fuckin' In The Bushes" explose sur la sono surpuissante. Oasis débarque et se fait les dents sur "Turn Up The Sun". La batterie de Zak, très mise en avant, fait vibrer les structures metalliques du vaisseau. Liam très en forme part à l'attaque. Les coups de boutoir de "Lyla" retentissent, le son est énorme, rondement compact, certainement dû à l'acoustique implacable de la salle. Dans les premiers rangs ça s'agite, ça part dans tous les sens. Une bande de hooligans supporters du PSG bastonne autour d'elle. Gros pogo devant le chanteur. Des mancuniens sont présents. "Bring It On Down" en remet une couche, folie dans la fosse. Ce soir la setlist est parfaite, et les versions des chansons sont très rock - "Acquiesce", "Morning Glory", "Mucky Fingers", "Cigarettes & Alcohol" avec un final à rallonge magistral. "The Importance Of Being Idle" la chanson de l'année fait également son effet. Puis les amateurs venus pour entendre "Wonderwall" sont satisfaits et peuvent s'époumoner sur le célébrissime hit. Noel dans son coin semble ne jouer sa chanson phare que pour contenter son public. The Chief se rattrape d'urgence en nous cisaillant un solo tuant sur son "Champagne Supernova" qui gagne en intensité, grâce à un Liam hargneux qui y croit dur comme fer. Lorsque le kid insiste sur les dernières syllabes des lyrics de son frangin, c'est qu'il se passe quelque chose. Il fallait que ce soit dans la petite ville de Rouen, dans son gigantesque escargot. L'endroit qui se verra transformé en patinoire géante en fin de semaine pour accueillir Holiday On Ice. Le lieu qui verra Lorie faire des sauts de biche mijorée. Oui mais voilà, en ce jour du Seigneur, il est plutôt question d'acier en fusion, d'ébullition des corps, de fission d'atomes. Le rock irradie sur cette scène comme un accélérateur de particules. Un tchernobyl mancunien à deux heures de Paris. Du délire total. Déjà Supergrass avaient créé la fissure avec le dernier album "Road To Rouen" sorti quelques mois plus tôt. C'était un signe. Puis Franz Ferdinand avaient programmé un concert dans la salle pour fin octobre. Oasis enfoncent le clou, défrichent, ratissent le passage, ravagent, dévastent en onde de choc nucléaire. Et le nuage pourrait bien partir à des centaines de kilomètres. Il faut être là, devant cette scène pour sentir la chaleur se dégager, frôler le noyau, toucher le coeur. La rythmique de "Meaning Of Soul" en marche militaire décuplée retentit, Liam lève les yeux vers quelque ciel assombri de centaines de bombardiers en partance pour le chaos. Noel maltraite sa guitare, défiant ses habitudes. Le kid tape du pied sur les planches en suspens. "Don't Look Back In Anger" finit de fédérer une foule prise en tenaille. "My Generation" assassine définitivement. Zak part en apesanteur pour un décollage Challenger en désintégration fatale. Liam ne suit plus, il descend de scène et fixe une foule au bord de l'apoplexie. Le groupe ne s'arrête plus, batissant encore et encore un mur du son à la texture sonore des plus abstraites, fondée sur les roulements de batterie d'un Starkey en transe, noyée dans les effets du Chief aux prises avec sa rangée de pédales... Noel ira applaudir le public, visiblement extatique quant à la qualité du concert. On ne s'attendait pas à telle grandeur quelques heures plus tôt en empruntant la route To Rouen...

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