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29 septembre 2005

Oasis: Vertiges de la démesure

oasispic

(What's The Story) Morning Glory? aura 10 ans ce dimanche 2 octobre 2005, la bonne occasion pour faire un bilan de la carrière unique des fab five de Manchester. Plus qu'une formation culte, Oasis est le groupe le plus populaire en Angleterre depuis les Beatles. Depuis leur premier album Definitely Maybe paru en 1994, les Gallagher ont placé à la tête des charts britanniques tous leurs albums studio dès la première semaine de sortie, soit 6 fois d'affilée. Sur 21 singles publiés, 19 ont été classés dans le top ten, 17 ont été classé dans le top five, et 8 ont atteint la première place. Oasis a battu son record dernièrement en classant deux singles numéro 1 à la suite pour un même album (Don't Believe The Truth). Le groupe a connu l'ascension la plus fulgurante de l'histoire du rock. Definitely Maybe, "le premier album  de rock le plus populaire de tous les temps" détrône le record du "Bad" de Michael Jackson dès sa sortie en se vendant à 150 000 exemplaires en trois jours. En 1995 le deuxième album Morning Glory devient la bande-son de toute une génération, en s'écoulant à près de 20 millions d'exemplaires (à ce jour). L’Angleterre peut alors brandir l’Union Jack et revendiquer la force de sa musique, car Oasis devient le groupe de rock ultime, et avec lui, toute la nouvelle scène british florissante apparaît au grand jour. Le cinéma (Trainspotting...) et la mode made in England se retrouvent au premier plan. Lors de cette Oasismania providentielle, le monde artistique se trouve bouleversé et évolue par le biais du groupe et de tout ce qu’il peut représenter pour la population. Du jour au lendemain, tout change, de la façon de s’habiller à celle de se coiffer ou de parler. Bien plus encore, c’est la politique elle-même qui se trouve renversée, en voyant le parti travailliste de Tony Blair remporter les élections. Et lorsqu’Oasis part à la conquête de l’Amérique, le mouvement devient global. La folie atteint son apogée lors des concerts de Knebworth donnés les 10 et 11 août 1996. Les deux concerts réunissent 250 000 personnes,  le record de fréquentation absolu pour le concert payant d'un groupe de rock. 3 millions d'anglais postulent pour avoir des places, soit 5% de la population du pays. Vendus par téléphone, les billets s'arrachent en 8 heures sur une hotline surchauffée. (British Telecom a calculé que seulement 2 minutes après le début de la mise en vente, 1,5 million de personnes essayaient désespérement d'obtenir la ligne). 350 radios diffusent l'événement en direct à travers le monde... Noel Gallagher, au sommet de sa popularité, se déclare plus important que Dieu et soulève un véritable tollé outre-manche: « J’espère que nous représentons davantage que celui pour qui l’on met de l’argent dans un panier après la messe ! Dieu a-t-il récemment donné un concert à Knebworth ? » En 1997, la sortie du nouveau single "D'You Know What I Mean?" le 7 juillet est vécue comme un événement national. Certains journalistes parlent alors de contre-offensive anglaise exactement une semaine après la restitution de Hongkong le 30 juin 1997 à minuit tapante. La chanson est propulsée directement à la première place des charts britanniques en battant un nouveau record de rapidité de vente : 600 000 exemplaires écoulés en une semaine, et plus d’1 million en 15 jours.  Le troisième album du groupe est "le disque le plus attendu depuis Sergeant Pepper's". Be Here Now explose les records de rapidité de vente en s'arrachant à 800 000 exemplaires en trois jours. Véritable monument sonore, ce nouveau disque est adulé par la presse avant un cuisant retournement de chemise de la part des critiques rock (manque d’originalité, longueur de ses chansons...). Le groupe traverse une grave période de crise, plus que jamais enclin aux excès. A deux doigts de mourir d'une overdose, Noel Gallagher décide de stoper net la coke. Le quatrième LP est le plus sombre et le plus personnel des albums d'Oasis. Il relate les crises de paranoïa de Noel (Gas Panic), puis sa renaissance (Who Feels Love), les doutes, les maux, la perte des illusions. A l'aube des années 2000, ce Standing On The Shoulder Of Giants annonce en album visionnaire ce dont seront faites les prochaines années. L'heure n'est plus aux espoirs ni à l'insouciance festive des années Brit Pop. En 2002, Oasis devient démocratique, tous ses membres ou presque participent à l'écriture du joliment creux Heathen Chemistry. Les 80 000 tickets mis en vente pour les concerts du Finsbury Park de Londres s'arrachent en deux petites heures, preuve que nos mancuniens sont toujours rois en leur pays. Comme le soulignait un journaliste du Nouvel Obs en 97, Oasis en Angleterre fait tellement partie du paysage qu'il en est devenu aussi représentatif que les cabines téléphoniques rouges, les bus à deux étages ou les fish&chips. Le single stonien orientalisant " The Hindu Times" fait un carton en entrant directement à la première place des charts anglais, italiens et canadiens.  Le deuxième extrait Stop Crying Your Heart Out connait également un beau succès, malheureusement détrôné en Angleterre par le King himself et son remix de A Little Less Conversation. La tournée 2002 se termine par les fameux événements de Munich: Liam Gallagher et deux autres membres du groupe provoquent une baston dans une boîte de la ville bavaroise, le chanteur frappe dans la foulée un flic allemand. Il passe le reste de la  nuit derrière les barreaux avec ses "deux dents de devant" en moins. La véritable résurrection d'Oasis survient en 2005 avec l'album salvateur Don't Believe The Truth pur chef d'oeuvre rock de songwriting à l'anglaise. Le groupe enregistre trois fois son album, pour finalement sortir la pièce d'orfévrerie dont tout le monde rêvait. La critique donne de nouveau son aval aux frangins Gallagher bien décidés à ne pas lâcher le morceau. Le groupe embauche définitivement Zak Starkey au poste de batteur (carrément le fils de Ringo Starr). De gros concerts sont stratégiquement donnés dans des endroits mythiques, sold out en des temps record: Paris Olympia, Madison Square Garden, Hollywood Bowl, City Of Manchester Stadium etc. Alors que Coldplay vient de sortir un navet, que U2 se maintient dans le commerce, et que Radiohead ne donne pas signe de vie, Oasis s'offre son grand retour rédempteur. On ne pouvait pas espérer mieux, dix ans après Morning Glory.

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